Reiner Knizia, le maître des jeux

Reiner Knizia est un nom qui résonne fortement dans le monde des jeux de société. Depuis les années 1990, il est considéré comme un auteur majeur. Au cours de sa carrière, il a créé plus de 600 jeux, dont beaucoup sont devenus de grands classiques indémodables. Explorons la carrière de ce grand auteur et voyons de quoi se compose sa ludographie.

Reiner Knizia c’est qui ?

Né en 1957 en Allemagne, Knizia a étudié les mathématiques, la physique et la philosophie. Il a obtenu un doctorat en mathématiques appliquées en 1986, puis a commencé à travailler en tant que développeur de logiciels pour la Deutsche Bank. En parallèle, il commence à concevoir des jeux de société, une passion qu’il a développé depuis son enfance.

Ses premiers jeux sont publiés en 1990 et il rencontre son premier grand succés avec Art Moderne (1992) qui remporte le prix « Jeu de l’année 1993 » en Allemagne (Deutscher Spiele Preis). Ce jeu compose avec Medici (1995) et Ra (1999) ce que beaucoup appellent, de façon non officielle, la trilogie de jeu d’enchère de Knizia.

C’est à la fin des années 90 et au début des années 2000 que sa renommée commence à se répandre. Il devient concepteur de jeux à temps plein en 1997. Dès cette époque, il crée plusieurs jeux qui deviendront des classiques du genre. Notamment Tigre et Euphrate (1997), Samurai (1998) et La traversée du désert (1998) qui composent un autre triptyque de jeux que l’on surnomme la trilogie de jeux de pose de tuiles de Knizia.

Parmis ses plus grands succès on trouve :

  • Les cités perdues (1999) et sa réimplémentation Keltis (2008), gagnant du Spiel des Jahres.
  • Schotten Totten (1999) et Battle Line (2000), des classiques du jeu pour 2 joueurs.
  • Le Seigneur des Anneaux (2000), un jeu coopératif publié en 17 langues avec plus d’un million d’exemplaires vendus.
  • Pickomino (2005), un petit jeu de dés vendu à plus de 1 million d’exemplaires.
  • Qui l’a vu ? (2007), gagnant du Kinderspiel des Jahres
  • La Course vers El Dorado (2017).
  • My City (2020), un jeu de polyominos legacy incroyablement efficace.

Tous ses jeux se caractérisent par des mécanismes simples et à la fois profonds, une grande rejouabilité et s’adressant à un large public, du familial au plus expérimenté.

Un auteur prolifique …

Avec plus de 600 réalisations à son actif, Reiner Knizia est très certainement l’auteur qui a créé le plus grand nombre de jeux à l’heure actuelle. Depuis 1998, c’est jamais moins de 12 jeux de sa création qui sont publiés chaque année. 2006, 2008 et 2012 sont trois années exceptionnelles pour lesquelles plus de 30 nouveautés signées par l’auteur germanique sont commercialisées. Avec une telle régularité, pas étonnant qu’il ait créé autant jeux.

… et indépendant

Voilà une statistique intéressante dans sa ludographie : sur les 630 jeux dénombrés, seulement 14 d’entre eux ont été créés en collaboration avec un autre créateur. C’est d’autant plus surprenant au regard de la quantité de jeux produits, de savoir qu’il travaille quasiment toujours seul sur ses créations.

A qui s’adresse ses jeux ?

Très clairement, avec plus de la moitié de ses jeux, le public cible de prédilection de Knizia est familial. Ses créations touchent un large panel de joueurs. On compte plus d’une centaine de jeux pour enfant. Les jeux de stratégie et abstraits représentent plus de 20% de ses créations et toucheront les joueurs plus aguerris. Il a aussi créé quelques jeux d’ambiance mais ce n’est pas le genre favori du docteur en mathématique.

Ses jeux sont accessibles à tous les publics, mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils manquent de profondeur, bien au contraire. Selon l’indice de complexité de BoardGameGeek, les plus complexes d’entre eux ne dépassent pas la valeur de 3 sur 5. Les trois plus hauts sont :

  • Taj Mahal : 2.99
  • Witchstone : 2.75
  • Euphrates & Tigris: Contest of Kings : 2.74

Les illustrateurs

Les artistes ayant travaillé sur un jeu de Reiner Knizia sont nombreux : plus de 370. Franz Vohwinkel se détache largement en ayant travaillé sur 52 de ses jeux, la plupart dans les années 90.

Ses Mécaniques favorites

Les jeux de collection et de gestion de main de cartes arrivent en tête des mécaniques les plus utilisées.

Quelques info en vracs

Reiner Knizia a été souvent sollicité pour adapter des licences connues en jeux de société. Comme par exemple :

  • Le Seigneur des Anneaux et Le Seigneur des Anneaux: La Confrontation
  • Game of Thrones: Intrigues à Westeros
  • Harry Potter: Honeydukes
  • Disney Mickey Mouse: Photorallye
  • Cars 2: Race Champions
  • 3D Memo Smurfs
  • The Amazing Spider-Man Game
  • Yakari: Geheime Botschaft
  • Star Wars: Galaxy Rebellion et Star Wars: Attack of the Clones Card Game
  • Hot Wheels Speed Rallye
  • Star Trek: Expeditions
  • The Simpsons: Slam Dunk

On compte un peu plus de 70 jeux exclusivement pour 2 joueurs dans sa ludographie, ce qui représente 10% de ses créations. On retrouve la même proportion de jeux jouables en solo.

Il a repris la mécanique du sudoku dans 10 de ses jeux.

Mes jeux préférés de Knizia

My City

My City est une véritable pépite. Un jeu terriblement addictif dans lequel 2 à 4 joueurs s’affrontent pour construire la ville la plus prospère et la plus belle. C’est un jeu de pose de tuiles polyomino, mais c’est surtout un jeu legacy.

Le jeu est divisé en huit chapitres et autant d’enveloppes que les joueurs devront ouvrir au fur et à mesure de leur progression. Chacune d’elle contient trois épisodes pour un total de 24 parties. Après chaque épisode, le jeu évolue, les règles changent, on colle des éléments sur les plateaux, on ajoute de nouvelles tuiles, de nouvelles cartes, de nouvelles façons de scorer. A chaque fois c’est la surprise et c’est un réel plaisir de voir le jeu évoluer.

Les parties sont rapides, environ 20 minutes, et on a très envie de les enchainer pour découvrir ce que nous réserve le jeu. Un bémol cependant, même si le jeu est toujours jouable une fois l’aventure terminée, le soufflet retombe quelque peu. Le jeu devient presque banal, un peu trop simpliste. Mais vous aurez tout de même vécu 24 parties très satisfaisantes et agréables. 24 parties c’est déjà pas mal pour un jeu ! Et si vous faites la campagne à 2 joueurs, vous pouvez la refaire une seconde fois puisque le jeu contient tout le matériel pour jouer jusqu’à 4.

Comme souvent chez Knizia, le thème pourra sembler un peu plaqué et l’interaction limitée. Celle-ci se faisant essentiellement par de la course à l’objectif. Mais il offre une excellente porte d’entrée dans le jeu légacy, accessible et passionnant. C’est un coup de coeur, pour ce jeu efficace et addictif !

Schotten Totten

Une référence du jeu en duel ! Schotten Totten est un jeu de carte où les joueurs s’affrontent pour contrôler les sections du mur qui sépare leur territoire. Les règles sont très simples mais le jeu reste toujours intéressant car il faudra être subtil, bien évaluer les risques et faire les bons choix pour remporter la victoire.

Les parties ne durent généralement pas plus de 20 minutes. Ce qui en fait un candidat idéal pour des parties rapides. Avec son petit format, c’est un jeu qui prendra facilement place dans vos bagages pour les vacances même si vous n’avez pas la chance de partir en Écosse.

Un jeu malin et tactique qui fait parti des meilleurs jeux pour 2 joueurs. Cependant, on pourra lui reprocher un peu de hasard dans la pioche des cartes mais compte tenu de la durée des parties ce n’est pas si gênant. Il mérite une bonne place dans la ludothèque de tout amateur de jeux pour deux.

Art Moderne

Art Moderne est un jeu pouvant vous réconcilier avec les jeux d’enchère si, comme moi, vous avez du mal avec cette mécanique. Reiner Knizia a le talent pour la rendre intéressante et accessible. Dans ce jeu, les joueurs représentent des collectionneurs d’art moderne qui cherchent à acquérir les œuvres les plus précieuses pour leur collection.

La spéculation du commerce de l’art est admirablement bien retranscrite. Le thème est parfaitement intégré au jeu et cela se fait de manière simple et intuitive. A votre tour, vous n’avez essentiellement que deux décisions possibles : acheter ou vendre et surtout à quel prix. Et ce qui est fascinant, c’est de voir comment la psychologie du groupe peut influencer la valeur des peintures. Attention, le jeu fonctionnera d’autant mieux avec des joueurs qui aiment parler autour de la table.

Un chef-d’œuvre de 30 ans qui fonctionne toujours aussi bien aujourd’hui.

Trésor des dragons

Trésor des dragons est un jeu pour enfant mêlant deux principes bien connus : le memory et le stop ou encore. Deux mécaniques qui, prisent séparément, ne sont guère palpitantes. Mais qui, une fois misent ensemble, forment une évidence. Encore une fois, Reiner Knizia part de règles simples pour aboutir à un jeu intéressant et efficace.

Une variation du memory accessible dès 6 ans où les adultes ne s’ennuieront pas pour autant. Le jeu est constitué de 49 tuiles disposée faces cachées. À son tour, un joueur peut retourner autant de tuiles qu’il le souhaite de manière à en récupérer le plus possible en formant des paires, des triplets ou des quadruplets. Mais si une araignée ou un dragon est retourné, le tour du joueur prend fin. Le jeu demande donc de la prise de risque, et cela créé quelques rebondissements bien plaisants.

Un top jeu pour enfant avec un matériel très aggréable à manipuler.

Le jeu qui m’a moins convaincu

Art Robbery

Art Robbery est un jeu de carte où les joueurs sont membres d’une équipe de cambrioleurs d’œuvres d’art. Ils doivent se partager le butin et tenter de repartir avec la meilleure part tout en évitant d’être arreté par la police en collectant des alibis.

Le jeu est court, et c’est tant mieux car il souffre d’un manque cruel de profondeur stratégique. Le chaos et le hasard sont très présents et nous laissent la sensation que nos choix ont peu d’impact. Presque tout se résume aux cartes que vous piochez ce qui est plutôt frustrant.

Préférez y jouer à 3 ou 4 joueurs. A 2 joueurs vous aurez l’impression de vous acharner toujours sur la même personne car le jeu propose des mécaniques d’attaque directe. Bref, je n’ai pas accroché et c’est dommage car l’édition d’Helvetiq est impeccable et les illustrations sont dans un style moderne très plaisant.

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